Je vous laissais, dans le dernier article, au milieu du désert du Sahara où les pneus de mon destrier fondaient sur la piste mauritanienne. Avant de continuer ce récit et de vous faire découvrir la richesse incroyable de la suite du périple, je tenais à vous faire part de la situation du projet Naturaliste nomade dans ce contexte de pandémie.
Suite à la traversée du Sahara, du Sénégal, de l'Atlantique à la voile et d'une escale en Martinique, je suis arrivé en Guyane française en février dernier, juste avant la pandémie.

Le confinement ne m'a pas permis de poursuivre le voyage comme prévu et je suis resté sédentaire dans une colocation aux environs de Cayenne. Depuis le déconfinement, la situation sanitaire en Guyane est très précaire avec une augmentation exponentielle du nombre avéré de cas de COVID. Il en est de même dans le reste de l'Amérique du sud avec des contextes aggravés, notamment au Brésil qui est ma prochaine destination. Je ne pourrais repartir que lorsque cette crise sera apaisée.
Cette situation est frustrante et certains moments ont été compliqués à gérer, notamment lors du déconfinement. Tous ont repris leurs activités, leur quotidien. Moi, non. Mon activité, mon quotidien, c'est le nomadisme, la route, le mouvement, mais les frontières me sont fermées. Je suis figé dans cette maison, dans une chambre, sous un toit en tôle où la canicule journalière prend le relais du vacarme de la pluie pour m'empêcher de me reposer.

Je suis bloqué mais je suis en Guyane ! La Guyane, avec sa centaine d'espèces de serpents, de grenouilles, de chauves-souris, son jaguar, ses singes, sa jungle, ses oiseaux de carnaval. 4 mois que je suis ici et déjà plus d'une centaine d'espèces observée dont des grenouilles mythiques, de splendides serpents et des oiseaux improbables. Mes cartes mémoires sont bombées de clichés inespérés.









Etant donné que les frontières guyanaises ne sont pas près prêtes de s'ouvrir, j'ai cherché une activité pour passer le temps et j'ai trouvé un poste inouï. Je viens juste d'être recruté comme gestionnaire de la station de recherche CNRS des Nouragues ! Un site enseveli dans la jungle profonde, où l'accès se fait uniquement par les airs, en hélicoptère, ou par les rivières, en pirogues. Le site, situé au cœur de la Réserve naturelle des Nouragues, n'est pas ouvert au public. Seule une poignée de chercheurs internationaux peut y avoir accès. Je commence en septembre pour une mission de six mois. Même si je serai basé à Cayenne, j'aurais très probablement l'opportunité d'aller sur site dans le cadre de mes fonctions. Je vais rencontrer des scientifiques de tous horizons, des spécialistes des araignées aux experts des plantes carnivores, des chercheurs en entomologie aux gourous des toucans ! Et peut-être que cela va m'ouvrir des portes pour la suite de mon voyage autour de la planète à la découverte de sa biodiversité.
La crise mondiale s’avère complexe pour le projet, je suis frustré par l'immobilité mais ravi par les opportunités.
Prochainement, la suite du récit. Je vous laisse, j'ai des grenouilles arboricoles à rencontrer.
